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[Edito]Catherine Géhin-Baillard,éleveuse Une agriculture de savoir-faire paysans

Retrouvez l'édito de Catherine Géhin-Baillard, éleveuse laitière à La Muraz (Haute-Savoie), paru dans Terre-net Magazine n°30.

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Catherine Géhin-Baillard élève 60 vaches laitières
pour un quota de 320.000 l, en Gaec (trois associés)
sur 100 ha. (©Catherine Géhin-Baillard)
L’industrialisation agricole n’est pas la solution(1). Pour moi, l’agriculture industrielle contribue à la disparition des agriculteurs, à la perte de diversité des types d’agriculture, des races locales, de la flore, des cultures, etc. Elle signifie intensifier, alors qu’il faut extensifier. C’est la multiplicité des fermes qui fait de l’emploi, qui fait vivre le tissu agricole et rural.

Par exemple, la ferme dite des 1.000 vaches dans la Somme est une aberration. Elle va prendre du terrain sur lequel pourraient vivre plusieurs agriculteurs. Elle va ponctionner des subventions pour une usine à méthanisation et produire un sous-produit: le lait, qui va peser à la baisse sur le marché laitier. Le gouvernement ne doit pas être partenaire de ce genre d’agriculture qui participe à la disparition des paysans et qui est polluante. Et cela pour faire vivre qui ? Des capitaux !

Je souhaite une agriculture à taille humaine grâce à des prix rémunérateurs, garante de systèmes écologiques, de produits sains. L’agriculture française montre toute sa spécificité en étant durable, paysanne et en valorisant les savoir-faire paysans.
Elle doit aussi savoir favoriser l’installation, y compris celle non aidée qui devrait bénéficier du même niveau de priorité que les autres. Aujourd’hui, des néo-ruraux seraient prêts à reprendre de petites structures qui ne rentrent pas dans le cadre de la surface minimum d’installation (Smi) nécessaire pour toucher les aides. Certaines productions, par exemple le maraîchage de montagne, dégagent pourtant une valeur ajoutée qui leur permet d’avoir besoin de moins de surface.

Tous les pays peuvent faire de l’agriculture industrielle mais tous ne peuvent pas faire une agriculture paysanne. Sachons jouer notre carte. Le consommateur est aussi responsable.
C’est lui qui choisit où il fait ses courses et ce qu’il achète. Cela dépasse l’agriculture : on ne trouve plus de petits magasins dans nos villes, il faut aller dans les grandes chaînes commerciales pour acheter des produits identiques dans le monde entier. Cela fait aussi partie de l’industrialisation. Quand on industrialise, voilà ce qui arrive. Quel type d’agriculture veut-on ? Quelle société veut-on ? Tout va ensemble.

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